vendredi 25 janvier 2008

Selon F. Frattini, Commissaire européen à la sécurité, l’Europe n’a pas été équitable envers Israël, M. Macina

Menahem Macina : "... Il va de soi que tout le discours du Commissaire européen n’est pas, tant s’en faut, consacré à un mea culpa européen, ni à une reconnaissance des torts de l’UE envers Israël, il n’en témoigne pas moins d’un revirement significatif d’attitude de la part de cette importante institution. En témoigne cette phrase : "L’Europe est mieux préparée à prendre elle-même des risques réels, à investir gros sur le plan politique et à assumer les problèmes et les intérêts israéliens, d’une manière qui ne figurait pas à notre ordre du jour dans les premières années de l’Intifada". On pourra objecter que l’empathie, dont fait preuve Frattini pour l’Etat juif, n’est pas forcément partagée par les hautes instances de l’UE. Mais quiconque lit attentivement ce texte aura tôt fait de se convaincre qu’il ne s’agit pas d’un discours d’apparat, ni de formules diplomatiques aimables, mais d’un exposé succinct des grandes lignes d’un vrai projet de synergie politique entre l’Union et Israël. On notera, à ce propos, que l’orateur parle de "l’Etat juif d’Israël", une formulation qui n’est certainement pas innocente, si l’on en juge par les tentatives, irritées et réitérées à plusieurs reprises ces dernières semaines, des dirigeants palestiniens - dont le Président de l’AP, Mahmoud Abbas lui-même - pour la récuser."

Extraits du discours de Franco Frattini prononcé à Herzliya le 22 janvier:

"Nous avons également réitéré notre engagement de longue date en faveur du droit de l’Etat juif d’Israël à vivre en paix et en sécurité.

… il y a eu beaucoup d’incompréhension entre l’Europe et Israël au cours des récentes années.
Israël s’est plaint de l’Europe durant des années - et non sans raison, quelquefois. Trop longtemps, l’opinion publique européenne et quelques-uns de ses dirigeants ont fait porter à Israël une trop grande part de la responsabilité de l’échec du processus de paix.

Trop longtemps, nous avons négligé les inquiétudes et les préoccupations légitimes d’Israël concernant le terrorisme, le fanatisme et le refus de groupes importants, au sein du monde arabe, d’accepter l’existence d’Israël, sans parler de sa légitimité.

Trop longtemps, le fâcheux état de la sécurité d’Israël a dépassé notre compréhension et a été rejeté comme le prétexte d’une inaction diplomatique.

Au lieu de cela, nous aurions dû comprendre plus tôt les préoccupations d’Israël, car votre situation difficile face au terrorisme est la même que la nôtre. Cela ne veut pas dire que le bilan d’Israël est sans tache. … trop souvent, notre critique n’a pas réussi à reconnaître au moins les dilemmes auxquels Israël était confronté. Nous avons demandé à notre ami de prendre des risques, mais nous ne lui avons pas toujours offert des garanties qu’en prenant ces risques Israël ne se retrouverait pas sans aide.

Durant les trois années de la seconde Intifada palestinienne, beaucoup, en Europe, hésitaient à reconnaître que la tendance croissante et insidieuse de la haine que la violence au Moyen-Orient a déchaînée pouvait être appelée "antisémitisme". Cette maladie européenne a développé de nouvelles racines et pris de nouvelles formes. Mais les choses ont changé. Des gouvernements ont pris note et ont agi davantage. Cette attitude préjudiciable, cette prise de position à l’égard d’Israël et des Juifs n’a pas de place et ne doit pas en avoir dans l’Europe d’aujourd’hui. Qu’on les présente comme les effets indésirables d’injustices politiques ne change rien. C’est tout simplement injustifiable. Point.

L’antisémitisme est la forme la plus laide et la plus hideuse de la haine raciale, qui aboutit à maltraiter nos concitoyens juifs. Les Européens n’ont pas besoin qu’on leur rappelle à quoi cela peut mener. Quand Israël nous rappelle l’antisémitisme en Europe aujourd’hui, nous devons prendre la chose au sérieux, car ce terrible préjudice, si on s’abstient de l’affronter, constitue une grave menace pour l’édification de nos sociétés démocratiques. …

Israël n’est pas seulement un partenaire-clé pour l’Europe, il est aussi notre partenaire naturel. Israël vit et existe selon les mêmes traditions et les mêmes valeurs que les citoyens européens. J’espère développer notre coopération dans un avenir proche. …

Israël combat les mêmes menaces terroristes que l’Europe, mais à une beaucoup plus grande échelle. Nous sommes témoins de l’existence de groupes terroristes nationaux. On constate, en Israël, une radicalisation extrême et une transformation très mobile de groupes islamiques violents, qui agissent dans les territoires occupés et au Liban. …

La sécurité n’est pas un cadeau et je crois que, grâce à une meilleure interaction entre partenaires publics et privés, grâce à une meilleure coopération entre l'Europe et Israël et d’autres partenaires du Moyen-Orient, nous pourrions améliorer considérablement la sécurité de nos citoyens, ainsi que celle de nos intérêts communs.

Je m'engage, à titre personnel et à titre institutionnel, à aider Israël et le peuple israélien, dans les années à venir, en vue de réaliser notre objectif commun de paix et de prospérité dans cette région."
Traduction de Menahem Macina sur le site upjf.org

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