mercredi 12 novembre 2008

Le CCOJB met les médias en garde contre la banalisation du discours antijuif

"La participation consciente ou irréfléchie de médias dans la banalisation de ce type de discours dans l'espace public engagent leur responsabilité quant aux dérives qu'ils contribuent ainsi à ressusciter", Joël Rubinfeld

Suite à un article paru dans Vers l'Avenir, le quotidien a publié le droit de réponse Vers l'Avenir: Retour vers le Passé?:

"M. Joël Rubinfeld, président du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB), nous adresse le droit de réponse suivant.

En page 4 de son édition du 27 octobre consacrée aux élections américaines, la rédaction de Vers l'Avenir a réservé à ses lecteurs, à côté d'un regard sur les lobbies du "PETROLE" et de l'"ARMEMENT", un encadré intitulé "JUIFS". En dessous de ce titre racoleur, le texte présentait une analyse du politologue de l'ULg Michel Hermans censée expliquer "la raison de la puissance du lobby juif aux Etats-Unis".

Pour ce faire, l’universitaire recourra aux fantasmes ("les USA ont une présence juive très importante sur leur territoire" – ces derniers représentent moins de 2% de la population américaine…), aux accusations ("[les Juifs] cherchent à obtenir le soutien des Américains dans la guerre") et aux poncifs antisémites ("les grosses fortunes, les grosses entreprises aux Etats-Unis se trouvent entre les mains de patrons juifs") qui renvoient aux mythes responsables d'un passé assassin.

Mais le problème tient peut-être moins ici aux élucubrations troubles de leur auteur qu'à la caution qu'elles tirent de leur parution dans un quotidien de grande diffusion, sans critiques ni réserves de la rédaction. La participation consciente ou irréfléchie de médias dans la banalisation de ce type de discours dans l'espace public engagent leur responsabilité quant aux dérives qu'ils contribuent ainsi à ressusciter."

M. Pascal Belpaire, Rédacteur en chef de Vers l'Avenir, ne renie rien. A peine concède-t-il un certain manque de nuances imputable à la mise en page ... alors que le but du dossier était justement de nuancer et décrypter : "On accuse souvent George W. Bush d’être soumis à la pression de certains lobbies. Une vision que nuance un politologue qui décrypte pour nous le phénomène". Il évoque également un avis du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme sur l'expression "lobby juif", la définition du terme "Juifs" et la réaction attristée de l'auteur des propos en question.

Extraits de sa mise au point:

(…) 2. L’expression "lobby juif", que nous avons utilisée, "(...) est habituelle et donc anodine aux États-Unis, cela n’est pas (encore) le cas en France et en Belgique, où le terme comporte encore une connotation péjorative", comme le mentionne par ailleurs un courrier du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. Précisons que pour l’instant, un débat académique fait rage, y compris aux États-Unis, sur l’expression "lobby juif".

3. Le mot "Juifs" a été utilisé dans nos colonnes selon la définition qu’en livre Le Petit Robert "Personne descendant du peuple juif, répandu dans le monde entier et demeuré généralement fidèle à la religion et aux traditions judaïques".

4. L’amalgame fait avec les articles consacrés aux lobbies du pétrole et de l’armement tient au fait qu’ils figuraient côte à côte dans la même page. Cette juxtaposition des textes, ressentie douloureusement, ne signifie pas que nous souhaitions en lier les différents contenus.

5. Le point de vue du professeur de sciences politiques Michel Hermans (HEC/ULG) a dû être condensé pour des questions de place et a donc malheureusement perdu en nuances. Pour autant, on ne peut en aucun cas accuser M. Hermans d’antisémitisme. Cela ne correspond en rien à ses idées. Il a d’ailleurs été personnellement très attristé qu’on puisse en douter. (…)"

"La puissance du lobby juif aux Etats-Unis" expliquée par Michel Hermans

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