vendredi 30 janvier 2009

Les ONG sont coupables, pas la BBC, Andrew Roberts

"Pendant les trois semaines qu'a duré la guerre, Oxfam et d'autres organisations de bienfaisance ont déployé beaucoup d'énergie dans une campagne idéologique qui présentait les Palestiniens comme les seules victimes et les Israéliens comme les seuls agresseurs."

La BBC a raison de ne pas diffuser l’appel pour Gaza. Oxfam et les autres ONG sont clairement anti-israéliennes.

"Mark Thompson, le directeur général de la BBC, a tout à fait raison d'avoir refusé de diffuser un appel aux fonds du Comité d'urgence pour les catastrophes (DEC) destinés à l'aide humanitaire de Gaza, mais pas pour la raison qu'il croit. Il a l’impression que la diffusion de l’appel nuirait à la réputation d’impartialité de la BBC en ce qui concerne la couverture du conflit israélo-palestinien. En réalité la BBC est depuis des années institutionnellement pro-palestinienne et anti-israélienne et ne jouit donc pas d'une telle réputation. La raison pour laquelle sa décision est toutefois courageuse et juste c’est que bon nombre des 13 organismes que fédère le DEC sont encore plus englués dans l'anti-israélisme que la BBC elle-même. (...)

Qui sont donc ces organisations de bienfaisance prétendument impartiales qui attaquent (quoique tardivement) la décision de M. Thompson de faire respecter les règles traditionnelles de la BBC ? Alors que les associations telles que la Croix-Rouge britannique et Christian Aid font en règle générale preuve d'impartialité dans d'autres régions du monde, on ne peut pas en dire autant lorsqu’il s’agit du conflit israélo-palestinien, qu'elles ont l'habitude d'analyser sous un prisme profondément partisan.

Dans les mois qui ont précédé la décision du Hamas de rompre six mois de cessez-le-feu et de reprendre les attaques à la roquette, ces organisations de bienfaisance ont publié un déluge de dénonciations unilatérales visant Israël. Dans leur campagne, elles ont utilisé des termes tendancieux et très imprécis tels que "punition collective" et "violation du droit international". Le 6 mars 2008, CARE International, CAFOD, Christian Aid et Oxfam (entre autres) ont publié un rapport qui fut largement diffusé intitulé "La bande de Gaza: une implosion humanitaire". Les auteurs ne se sont pas donné la peine de cacher leur politique de parti pris contre Israël, se bornant à répéter l’habituelle rhétorique pro-palestinienne, y compris les déclarations que la politique israélienne "constitue une punition collective à l'encontre des hommes ordinaires, des femmes et des enfants" et qu’elle " est illégale au regard du droit international humanitaire".

Le rapport contenait de nombreuses d'erreurs, comme des allégations concernant la pénurie de denrées alimentaires et de produits de première nécessité. Ces allégations furent par après démenties par la Banque mondiale et l'Organisation mondiale de la santé, bien qu’aucune ne puisse être qualifiée d’être inféodée à Israël. Le choix du Hamas de poursuivre la guerre contre Israël plutôt que le bien-être de sa population n'a pas été abordé dans ces rapports. On retire l'impression qu’aucune de ces allégations n’est susceptible d’être contredite par l'autre partie ou par des observateurs véritablement neutres.

Pendant les trois semaines qu'a duré la guerre, Oxfam et d'autres organisations de bienfaisance ont déployé beaucoup d'énergie dans une campagne idéologique qui présentait les Palestiniens comme les seules victimes et les Israéliens comme les seuls agresseurs. De nombreux communiqués de presse d'Oxfam contenaient ce type de phrase: "La communauté internationale ne doit pas rester les bras croisés et permettre aux dirigeants israéliens de s’attaquer avec violence et de façon disproportionnée aux civils de Gaza en violation formelle du droit international."

Les violences commises contre les Israéliens, et même leurs morts, ont été pratiquement ignorés par les responsables d'Oxfam, qui par contre parlaient de «punition collective illégale en vertu du droit international humanitaire mais tolérée par la communauté internationale". Pour ceux d'entre nous qui refusons que des organisations de bienfaisance véhiculent une idéologie aussi partisane qui absout les dirigeants du Hamas de toute responsabilité dans une confrontation qu'ils ont indiscutablement provoquée, ces déclarations sont inacceptables et ne devraient pas être récompensées par la BBC.

Il reste la question épineuse de la manière concrète de procéder à distribution de l’aide sur place. Après la prise de contrôle totale par le Hamas de la bande de Gaza en juin 2007, de nombreux rapports bien documentés ont détaillé comment les dirigeants du Hamas détournent l'aide à leur profit. Par exemple, le 7 février de l'année passée, la Deutsche Presse-Agentur a rapporté qu'"au moins dix camions d'aide humanitaire envoyés dans la bande de Gaza par la Société du Croissant Rouge jordanien avaient été confisqués par la police du Hamas peu après leur entrée dans le territoire". Des journalistes ont également signalé que l'aide avait été "déchargée dans les entrepôts du ministère du Hamas" et qu'une saisie similaire s'était produite en janvier 2008. [1]

Le cheik Ahmed Yassine, fondateur du Hamas, avait l'habitude de déclarer que le Hamas était comme un oiseau qui a besoin de deux ailes pour voler - la branche armée, mais également son organisation de bienfaisance. Est-ce que les 13 organisations de bienfaisance et leurs alliés politiques qui ont le front d'attaquer la "lâche" BBC ont réellement le courage et les ressources nécessaires pour faire un audit sur la façon dont ces fonds pourraient être dépensés à l’heure actuelle dans la bande de Gaza ? Pour ma part, je ne le crois pas."

Source: article d'Andrew Roberts dans The Times
Titre original: "The charities are guilty, not the BBC". The Corporation is right not to run the Gaza appeal. Oxfam and others are clearly anti-Israel.

Andrew Roberts est l'auteur de Masters and Commanders: How Roosevelt, Churchill, Marshall and Alanbrooke Won the War in the West (Allen Lane)

A lire également par l'auteur:
Happy birthday, Israel and Shalom, by Andrew Roberts, The Daily Express

[1] "Convois qu’il arrive au Hamas de détourner, à en croire Yaacov Katz qui, sous le titre "Hamas raids aid trucks, sells supplies", rapporte ceci dans le Jerusalem Post du 12 janvier 2009 : "[Ce lundi,] le Hamas a attaqué une centaine de camions [humanitaires] qu’Israël a laissé entrer à Gaza, a volé leur contenu et l’a vendu aux enchères… L’armée israélienne a déclaré que, l’activité au point de passage étant coordonnée avec le Haut Commissariat aux Réfugiés et la Croix rouge, Israël ne pouvait rien faire contre cette attaque." Cité par Richard Zrehen dans Fausses Notes.

Dominic Lawson: When charities turn political, the BBC is right to tread warily, The Independent

Photo: "combattants" du Hamas

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