mardi 19 mai 2009

Omar Barghouti - Go Figure !, Richard Zrehen

"M. Omar Barghouti ne limite pas son action à l’Académie ; il a depuis longtemps une perspective tranchée sur l’avenir de sa région, bien différente de celle de la nouvelle présidence des Etats-Unis, du Quai d’Orsay, de la Wilhelmstraße, de Whitehall et de la Commission européenne, de RFI(!) – et d’Edward Said lui-même (!!) . "Bon débarras", écrivait-il dès 2003. "La [ré]solution du conflit israélo-palestinien par [la création de] 2 Etats est enfin morte. Mais il reste encore à délivrer un certificat de décès officiel avant que le cadavre en décomposition soit dûment enterré pour que nous puissions avancer et explorer une alternative plus juste, plus morale et, par conséquent, plus durable pour assurer la coexistence entre les Juifs et les Arabes dans la Palestine mandataire (!) : un seul Etat"."

Source: texte repris du site de Richard Zrehen

"M. Omar Barghouti, diplômé en Electrical Engineering de Columbia University, est inscrit depuis 2004 à l’Université de Tel-Aviv (!), section "Ethique", pour y préparer un PhD[1]. D’un grand intérêt, sous ce rapport, est l’article qu’il a publié dans une revue savante en octobre 2006. D’après le Dr Charlotte Berkowitz, membre de l’association MLA qui édite cette revue, M. Omar Barghouti "non seulement y accuse Israël de crimes particulièrement odieux contre les ‘Palestiniens’ mais surtout estime que la Torah (!) et la Halakha (!) l’autorisent à les commettre"[2].

M. Omar Barghouti qui, né au Qatar et ayant grandi en Egypte, se veut "Palestinien" et réside à Ramallah depuis 1993 avec son épouse – ses parents, qui vivent en Jordanie, ayant fui une Cisjordanie dans laquelle, à ses dires, ils auraient toujours souhaité retourner – est un des fondateurs de la Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI), qui lutte depuis de nombreuses années contre la politique israélienne d’"apartheid"[3], en appelant urbi (!) et orbi universités, syndicats et institutions culturelles à adopter sa plate-forme "BDS" : Boycott, Divestment and Sanctions contre Israël, "particulièrement après sa criminelle guerre d’agression contre la bande de Gaza occupée (!!)"[4].

Jusqu’ici, les institutions culturelles et les universités semblent rechigner à se joindre au mouvement, malgré les efforts de nombreux universitaires au Royaume-Uni, de moins nombreux aux Etats-Unis, d’une poignée en France et en Italie, mais plusieurs syndicats, le Congress of South African Trade Unions, le Scottish Trade Union Congress, et le Irish Congress of Trade Unions en font désormais partie[5], tout comme la United Methodist Church américaine[6].

La grande préoccupation de M. Omar Barghouti avec l’"identité palestinienne" ne date pas d’hier. Dans le cours de ses années d’études à Columbia University, où officiait alors le célèbre orientaliste américain, protestant, d’origine "palestinienne" Edward Said[7], il avait découvert l’existence d’un groupe de danse folklorique désireux de revitaliser la musique et la danse "palestiniennes", la El-Funoun Palestinian Popular Dance Troupe[8]. Troupe "qui n’a aucun agenda politique, avait-t-il déclaré à un journaliste d’ABC News en 1991, à l’occasion d’une tournée de cette compagnie aux Etats-Unis", avant d’ajouter : "Plusieurs danses, rythmées par un roulement de tambour symbolisant la souffrance et le deuil, illustrent les matraquages et la rébellion. Dans une séquence, un danseur nu-pieds vainc son [auto]répression en donnant un coup de pied dans un brodequin de soldat placé au milieu de la scène"[9] …

M. Omar Barghouti ne limite pas son action à l’Académie ; il a depuis longtemps une perspective tranchée sur l’avenir de sa région, bien différente de celle de la nouvelle présidence des Etats-Unis, du Quai d’Orsay, de la Wilhelmstraße, de Whitehall et de la Commission européenne, de RFI[10] (!) – et d’Edward Said lui-même (!!) . "Bon débarras", écrivait-il dès 2003. "La [ré]solution du conflit israélo-palestinien par [la création de] 2 Etats est enfin morte. Mais il reste encore à délivrer un certificat de décès officiel avant que le cadavre en décomposition soit dûment enterré pour que nous puissions avancer et explorer une alternative plus juste, plus morale et, par conséquent, plus durable pour assurer la coexistence entre les Juifs et les Arabes dans la Palestine mandataire (!) : un seul Etat"[11].

Et encore : "Pour en revenir à la solution des 2 Etats, outre le fait que son temps est passé, elle n’a jamais été une solution morale… Dans le meilleur des cas, si la résolution 242 de l’ONU avait été scrupuleusement appliquée, cela n’aurait concerné l’essentiel des droits légitimes que d’un tiers seulement des Palestiniens sur moins d’un cinquième de leur terre ancestrale. Plus des deux-tiers des Palestiniens, les réfugiés et les citoyens palestiniens (!) d’Israël ont été exclus avec beaucoup d’inconséquence de ce qu’il faut entendre par les Palestiniens. Cette exclusion ne peut que garantir la perpétuation du conflit…
Insistant sur la cohérence éthique, je crois que le moyen le plus moral de parvenir à une paix durable dans l’ancienne terre de Palestine est de créer un Etat démocratique laïque entre la Jordanie et la Méditerranée, fondé sur une humanité équivalente (?) et, conséquemment, sur l’égalité des droits"[12]…

Interrogé par Naomi Ragen sur son éventuel lien de parenté avec Marwan Barghouti, chef des Brigades des Martyrs Al Aksa, purgeant actuellement 5 peines de prison à perpétuité en israël pour avoir organisé de très nombreux attentats et ‘attentats-suicides’, M. Omar Barghouti, qui appartient effectivement au même clan que le prisonnier, lui a répondu : "Merci de ne pas me recontacter"[13].

Interrogé par un quotidien israélien sur les raisons qui avaient pu pousser un partisan du boycott des institutions universitaires israéliennes – qu’il défend régulièrement sur de nombreux campus, notamment aux Etats-Unis[14] – à choisir de s’inscrire dans un établissement d’enseignement supérieur "complice d’une politique discriminatoire et colonialiste", M. Omar Barghouti a déclaré : "Mes études à l’université de Tel-Aviv sont une affaire personnelle, et je ne vois pas l’intérêt de [la] commenter"[15]…

Une campagne est actuellement en cours en Israël pour que l’administration de l’université expulse Barghouti, "en raison de son rôle moteur dans la mouvement BDS... A ce jour, 65 000 personnes auraient signé cette pétition d’extrême droite qui dépeint Barghouti comme "une voix particulièrement audible et persuasive" contre la politique coloniale (!) et raciste (!!) d’Israël…"[16]."

Notes :
[1] Naomi Ragen, "Who is Omar Barghouti ?", 30 octobre 2006, naomiragen.com.
[2] [1] Ibid., PMLA (Publications of the Modern Language Association of America), Vol. 121, 5 octobre 2006, section "The Humanities in Human Rights: Critique, Language, Politics".
[3] Omar Barghouti, "The Case for Boycotting Israel", Counterpunch, 22 décembre 2004.
[4] PACBI Statement on the McCarthyist Campaign against Omar Barghouti, Occupied (!) Ramallah, 3 May 2009,
http://www.pacbi.org/
[5] Id.
[6] Nathan Guttman, "U.S. Methodist Church renews drive for divestment from Israel", Ha’aretz, 29 février 2008.
[7] Edward Said (1935-2003), Professor of English and Comparative Literature à Columbia University, un temps président de la MLA, critique culturaliste, notamment de l’"Orientalisme" (ou "représentation occidentale mythique et biaisée de l’Orient" telle que celle véhiculée, selon E. Said, par l’historien de l’Islam Bernard Lewis), fondateur de la Théorie post-colonialiste, auteur d’une œuvre abondante couronnée par de nombreux Prix internationaux, très engagé "politiquement" et tenu jusqu’à sa mort pour "la voix de la Palestine en exil", est connu des sceptiques pour s’être rêvé une naissance et une petite enfance à Jérusalem… Ce "lieu de naissance", mentionné dans plusieurs interviews (mais pas dans son autobiographie, Out of Place, Vintage Books, 1999), et dans quasiment tous les articles et notices qui lui sont consacrés, relèverait plus de la fantaisie que d’une réalité attestable, selon Justus R. Weiner, qui a mené une longue enquête sur le sujet… Cf. Justus R. Weiner "'My Beautiful Old House' and Other Fabrications by Edward Said",
Commentary Magazine (Septembre 1999) et "The false prophet of Palestine: in the wake of the Edward Said revelations, Jerusalem Center for Public Affairs, 16 janvier 2000, http://www.jcpa.org/
[8] "El-Funoun Palestinian Popular Dance Troupe, fondée en 1979 par un petit nombre d'artistes enthousiastes, doués et impliqués… est largement reconnue comme l’entité culturelle qui a joué le rôle le plus significatif dans la revitalisation et la rénovation de la danse folklorique et de la musique palestiniennes. Cet accomplissement est particulièrement important, puisqu'il a efficacement contrecarré les tentatives systématiques de l’occupation israélienne de supprimer l'identité nationale palestinienne en interdisant ou en expropriant toutes les formes d'expression culturelle palestinienne…", Site officiel d’El-Funoun,
http://www.el-funoun.org/
[9] Naomi Ragen, "Who is Omar Barghouti...", article cité.
[10] Cf. L’interview d’Emmanuel Navon, Professeur de sciences politiques à l’université Bar Ilan (Ramat-Gan, Israël), par Nathalie Amar sur RFI, le 4 mai 2009, qu’on peut entendre à l’adresse suivante :
http://www.rfi.fr/player/popUpMultimedia/popUpMultimedia_R.aspx?rubrique=radiofr&URL=http://telechargement.rfi.fr.edgesuite.net/rfi/francais/audio/modules/actu/R113/emmanuel_navon_invite_13h15_20090504&UID=1_156_202069&s=54309&s2=23&xtpage=Rech [11] Omar Barghouti, "The Essential Obstacle to a Just Peace in Palestine », Counterpunch, 13 / 14 décembre 2003.
[12] Id.
[13] Naomi Ragen, "Who is Omar Barghouti...", article cité.
[14] Cf. Roz Rothstein and Roberta Seid, "Terror Comes to Georgetown", Front Page Magazine, 22 février 2006, et Lee Kaplan, "The Divestment Conference at Georgetown", Front Page Magazine, 17 mars 2006.
[15] David Hirsh,
"Omar Barghouti: "Do as I say, not as I do"", Engage, 25 avril 2009.
Sur le site de l’organisation militante que M. Omar Barghouti a fondée, on peut lire ceci : "PACBI a toujours fait une distinction entre les formes et l’envergure du boycott de l’Académie qu'elle invite le monde à adopter et ce que les Palestiniens eux-mêmes peuvent mettre en application. Celui-là a l’obligation morale de boycotter les universités israéliennes afin de les mettre face de leur complicité honteuse, et à facettes multiples, dans la perpétuation de l’occupation et de la politique raciste de l'Etat; ceux-ci n’ont souvent pas d’autre qu’utiliser les services de l'Etat oppresseur auquel ils payent des impôts…
PACBI n'a jamais invité les citoyens palestiniens (!) de l'Etat d’Israël et ceux qui sont obligés d’avoir des documents d'identification israéliens, comme les résidents palestiniens de Jérusalem occupée (!!), de s'abstenir d'étudier ou d’enseigner dans ces établissements israéliens. C'aurait été une position absurde, étant donné le manque complet de solutions de rechange disponibles. Les différents gouvernements israéliens qui se sont succédés, désireux de supprimer l'identité nationale palestinienne avec leur volonté de maintenir le caractère raciste de l’Etat d’Israël, ont fait tous les efforts possibles pour empêcher l'ouverture d'une université palestinienne (!!!!) à l'intérieur (!!!!!) d’Israël…" PACBI Statement on the McCarthyist Campaign..., article cité.
[16] PACBI Statement on the McCarthyist Campaign..., article cité.

- Omar Barghouti s'inscrit à l'Université de Tel Aviv tout en prônant son boycott
- Academic freedom under threat, David Newman, TJP

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