dimanche 29 janvier 2012

Holocauste: András Kún, prêtre et tueur de Juifs hongrois

Veuillez noter que de nombreux prêtres en Hongrie ont délivré des faux certificats de baptême à des Juifs pour les aider à échapper à la mort certaine que leur réservaient les Nazis allemands et leurs acolytes hongrois.  Il y en eut des cas dans ma famille.  Il ne faut pas oublier non plus que sans l'invasion allemande, les Hongrois n'auraient jamais massacré la population juive.  Celle-ci était très nombreuse notamment à Budapest (20%) au point que le maire antisémite de Vienne Karl Lueger (de 1897 à 1910) l'appelait Judapest.

A l'occasion de la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste, il est important de rappeler comment se déroulait l'extermination des Juifs dans les pays occupés par l'Allemagne.

Source: Diplomatie dangereuse, Carl Lutz, l'homme qui a sauvé les juifs de Budapest, par Theo Tschuy (pp. 260-261)

"Les Croix Fléchées commencèrent à se débander [à l'arrivée de l'Armée rouge].  Les Nyilas jetèrent leurs uniformes verts. Quelques-uns d'entre eux s'étaient déjà repliés avant Noël avec le Sonderkommando d'Eichmann [1].  [...] Certaines bandes se serrèrent cependant les coudes jusqu'à la toute fin, comme celle dirigée par l'abbé dévoyé András Kún [photo].  Le 11 février [1945], lui et son groupe commirent peut-être le dernier acte d'horreur des Nyilas.  Les tueurs, y compris quelques jeunes femmes, pénétrèrent dans un sanatorium juif sous la protection de la Croix-Rouge, rue Maros, à Buda.  Ils assassinèrent quatre-vingt-douze personnes  - malades, vieillards, enfants, infirmières et médecins.
Photo: Ghetto Fighters House Archives

Ils tentèrent de masquer leur crime en enterrant les corps dans le parc de l'hôpital.  Après que Buda fut tombée aux mains de l'Armée rouge, à mi-février, la plupart d'entre eux furent arrêtés et ramenés sur les lieux, où on leur fit exhumer leurs victimes.  András Kún réussit à se terrer et préparait sa fuite avec l'aide de sa mère, mais grâce à une intuition de Sándor Grossman [leader du mouvement sioniste], les Chalutzim retrouvèrent sa trace. Le prêtre fut arrêté. Il fut aussi traduit pour crimes de guerre et exécuté avec le reste de la bande."
Photo Yad Vashem

Film de propagande des Croix-Fléchés où l'on reconnaît Pater András Kún dès les premières images et ensuite à sa soutane, sa croix et au pistolet qu'il portait bien visible à la ceinture et avec lequel il tuait lui-même des Juifs.  Lien:
http://www.holokausztmagyarorszagon.hu/index.php?section=2&type=movie&chapter=7_2_1

[1] Avec la progression de l'Armée rouge - qui boucle toutes les issues de Budapest le 24 décembre 1944  - les Allemands n'arrivent plus à repousser les Soviétiques.  Eichmann "fut presque piégé dans son quartier-général de l'hôtel Majestic. Avant de le quitter, il convoqua hâtivement les chefs Nyilas pour leur dire son regret de n'avoir pas réussi à éliminer tous les juifs de Hongrie. C'était là le seul échec de sa carrière. Auraient-ils l'obligeance de rentrer en ville et d'achever la besogne pour lui? [...] Eichmann assura à ses acolytes que tout n'était pas perdu, car le Führer avait encore une arme secrète dans sa manche, et que quand la guerre aurait été gagnée, lui, Eichmann, reviendrait." (pp. 228-229)

Son supérieur, Edmund Veesenmayer, envoyé plénipotentiaire de Hitler en Hongrie,dont la tâche principale avait été de détruire la communauté juive de Hongrie et de Slovaquie, déguerpit tout aussi courageusement le 8 décembre 1944. Veesenmayer passa quelques années en prison puis retourna à ses affaires de parfumerie en gros et devint un citoyen riche et respecté de Cologne.

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