mercredi 30 juillet 2014

L’antisémitisme, c’est comme le cholestérol: il y a le «bon» et le «mauvais» (Jean-François Chemain)


Excellente analyse qui, pour une fois, va au-delà des reproches habituels, faciles et superficiels sur la responsabilité des médias et eux seuls dans la résurgence de l'antisémitisme.  Voir ce que Jean-François Chemain dit sur les enseignants qui "bouffent du Juif" et puis emmènent scrupuleusement leurs élèves à Auschwitz.

"Curieuse schizophrénie: certains enseignants – j’en connais - qui «bouffent du Juif» en salle des professeurs, emmènent scrupuleusement chaque année leurs élèves à Auschwitz, parce qu’il ne s’agit, évidemment, pas de la même chose! Comme si Israël n’avait pas été initialement fondé par des rescapés de la Shoah. Ils ne se posent pas la question: la droite est mauvaise, son antisémitisme est mauvais, la gauche est bonne, son antisémitisme est bon."

Tribune libre. Jean-François Chemain est professeur d'histoire en ZEP. A quarante ans, il quitte ses fonctions de consultant international et passe l'agrégation d'histoire. Il a publié Kiffe la France (éditions Via Romana) et Une autre histoire de la laïcité chez le même éditeur. Aujourd'hui il décrypte pour Valeurs actuelles les confusions qui existent entre l'antisémitisme et l'antisionisme.

L’antisémitisme, c’est comme le cholestérol: il y a le «bon» et le «mauvais». Chacun peut en effet constater que le discours antisémite est, aujourd’hui, complètement banalisé. Un grand quotidien du soir s’émouvait, pas plus tard qu’hier, de la cohabitation, au sein de la «Génération Gaza#», de «trentenaires n’ayant jamais manifesté», de «bobos muslims» et de «vieux antisémites». Touchant spectacle, en effet. Dans les dîners en ville, comme dans les salles des profs, on se lâche, ainsi qu’au bon vieux temps.

On nous ressert pourtant toujours, ad nauseam, des discours convenus sur «les heures les plus sombres de notre Histoire», l’époque de l’Occupation, de Pétain et de Xavier Vallat. Sans oublier, bien sûr, l’affaire Dreyfus… En quoi, diantre, l’antisémitisme de ces temps-là différait-il de celui du nôtre? J’interroge, naïvement, on me répond, doctement et un brin agacé: «il ne faut pas confondre antisémitisme et antisionisme!». Il y aurait donc de bonnes raisons de détester les Juifs, et de mauvaises? Que ne leur a-t-on pas reproché, aux Juifs! «Déicides» (les catholiques, jadis), «capitalistes» (l’extrême-gauche, au XIXe siècle), «apatrides» (l’extrême-droite, fin du XIXe siècle et début du XXe), «inférieurs et parasites» (les nazis), et maintenant «sionistes». Voltaire, notre icône nationale, leur attribuait tous les défauts, sauf un: «Pourquoi les Juifs n’auraient-ils pas été anthropophages? C’eût été la seule chose qui eût manqué au peuple de Dieu pour être le plus abominable peuple de la terre» (Dictionnaire philosophique, article «anthropophagie»).


Un tri rapide entre ces innombrables griefs permet de voir qu’il y en a effectivement de «mauvais», ceux de l’Eglise, de l’extrême-droite et des nazis, à quoi l’on limite l’antisémitisme qui est, comme chacun sait, un «vieux démon» de la droite et des catholiques, qui ne demande qu’à resurgir et appelle à la «vigilance». Et puis il y en a de «bons», la haine du juif de la finance, dont curieusement on ne parle plus, la phobie hystérique de Voltaire dont, pour ne pas ternir son image, on expurge les éditions contemporaines de ses ouvrages. Et désormais l’antisionisme. L’antisémitisme de gauche, en un mot. Curieuse schizophrénie: certains enseignants – j’en connais - qui «bouffent du Juif» en salle des professeurs, emmènent scrupuleusement chaque année leurs élèves à Auschwitz, parce qu’il ne s’agit, évidemment, pas de la même chose! Comme si Israël n’avait pas été initialement fondé par des rescapés de la Shoah. Ils ne se posent pas la question: la droite est mauvaise, son antisémitisme est mauvais, la gauche est bonne, son antisémitisme est bon.

L’antisémitisme, on l’a compris, ne serait pas criminel en soi: le seul critère de son crime, c’est d’être de droite.

3 commentaires :

Anne juliette a dit…

L'antisionisme, c'est de refuser aux juifs la possibilité d'avoir un état, c'est donc de l'antisémitisme pur et dur : je n'en démordrai pas.
Et je me fiche de ce que pensent ces antisémites : je me bats pour les miens, je soutiens les miens, j'aime les miens, j'ai mal pour les miens uniquement, et cela me suffit. Chacun pleure les siens.

Il faut interdire à tous les hommes politiques, à tous les "intellectuels" et autres "célébrités" de venir faire les hypocrites dans nos synagogues, dans nos écoles lorsque nos enfants se font assassiner.
Je ne comprends pas et même j'exècre cette manie qu'ont certains juifs (trop à mon goût), d'aller essayer de faire partager leur chagrin en dehors de leur communauté : ils n'ont pas encore compris que ceux d'en face trouvaient là une superbe occasion d'étaler toute leur hypocrisie.

Moi aussi, dans mes dîners, je "massacre" les antisionistes et on rit bien.

Anne juliette a dit…

Les juifs ont été apatrides jusqu'en 1948. S'ils avaient eu une terre, ils auraient pu fuir dans leur pays au moment des persécutions grandes ou petites comme en ce moment en Europe.
Alors ceux qui leur refusent un état veulent qu'ils ne puissent pas fuir les persécutions et ainsi les avoir sous la main pour les achever jusqu'au dernier. Si ce raisonnement n'est pas antisémite, alors je ne suis pas née en France.





PS : La LDJ n'est pas ma madeleine de Proust. Mais si on doit la dissoudre, il faudrait aussi dissoudre tous les mouvements pro- Hamas, Gaza Firm, Egalité et Réconciliation, etc, etc...
Le gouvernement choisit le plus mauvais moment pour dissoudre cette ligue, le moment où les juifs français se sentent considérablement fragilisés, alors qu'il aurait pu le faire avant : c'est ignoble.

“If European countries fail to protect their Jews, the State of Israel will. Jewish blood is not cheap blood.”
Mais Israël a dit que si les gouvernements européens, pour qui le sang du juif ne vaut pas cher, n'assuraient pas la sécurité de cette minorité, qu'elle Israël s'en chargerait : à Munich, en 1972 lors de l'attentat contre les athlètes israëliens et en Argentine en 1992 et en 1994 lors d'attentats contre l'ambassade d'Israël et un Centre juif à Buenos Aires, le Mossad s'est chargé des commanditaires et des auteurs des différents attentats.
Alors, si la France ne sait pas protéger sa population juive et la laisse se faire assassiner par des islamistes antisémites, alors ce n'est pas quelques éberlués de la LDJ non organisés avec quelques chaises qu'elle aura face à elle mais les services secrets israëliens et là, cela va être une autre paire de manche.

Anonyme a dit…
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