jeudi 23 juillet 2015

L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ne bénéficie qu’à l’Iran, par Yossi Lempkowicz

L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ne bénéficie qu’à l’Iran par Yossi Lempkowicz, conseiller à Media Europe Israel Press Association (EIPA) paru dans Le Soir.


L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, salué comme «historique» par les dirigeants européens dès lors qu’il ouvre un «nouveau chapitre» des relations avec le régime iranien, mais décrit à Jérusalem comme «plus mauvais qu’on aurait imaginé» pour la sécurité de l’État d’Israël, laisse plus de questions ouvertes que de réponses.

Comme après toutes négociations – celles-ci auront duré bien au-delà de la date butoir du 30 juin – il faut un accord, qu’il soit bon ou mauvais. On a vu cela également avec l’accord sur la crise de la dette grecque. Il fallait un accord – bon ou mauvais- à tout prix pour éviter la sortie de la Grèce de la zone euro.

À Vienne, entre les pays membres du P5+1 et l’Iran il fallait un accord à tout prix car on ne souhaitait pas prolonger les négociations ad vitam aeternam.

Quelles conséquences à long terme?

Mais a-t-on pensé aux conséquences de cet accord non pas à court terme mais à plus long terme? Dans dix ans, l’Iran, qui aura retrouvé une virginité internationale et aura encaissé des milliards de dollars après la levée des sanctions et de l’embargo sur les ventes d’armes, sera à nouveau en mesure de remettre l’ouvrage sur son programme nucléaire militaire tout en développant son hégémonie agressive dans la région.

L’accord va sans nul doute provoquer une course aux armes conventionnelles et nucléaires dans la région. Des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Égypte et la Turquie ont déjà fait savoir qu’ils poursuivront des capacités nucléaires similaires à l’Iran. La région la plus dangereuse au monde va devenir encore plus dangereuse contrairement à ce que pensent les dirigeants européens qui s’imaginent naïvement que l’accord va pousser l’Iran à coopérer avec l’Occident pour résoudre les conflits en Syrie, au Yémen, en Irak et venir à bout de Daesh…

Ce qui surprend le plus, au-delà de la discussion sur le fond de l’accord, est le fait que ceux qui l’ont négocié, les Européens et les Américains, ont tout simplement occulté l’aspect principal, le nœud du problème : l’Iran est aujourd’hui le sponsor numéro un du terrorisme dans le monde. Faut-il encore rappeler son soutien financier et militaire au régime syrien de Bashar el-Assad, au Hezbollah, à Hamas et autres rebelles Houthis au Yémen?

Et que dire de l’appel lancé régulièrement par les dirigeants iraniens à la destruction d’Israël qualifié de «cancer sioniste». Ce sujet a-t-il été «négocié» à Vienne? En a-t-on même discuté? Quatre jours avant la conclusion de l’accord, des milliers d’Iraniens paradaient dans Téhéran en criant «Mort à Israël», «Mort aux États-Unis» et aussi «Mort à l’Arabie Saoudite».


«Un accord à tout prix»

Il est aussi frappant que les États-Unis, qui ont absolument souhaité cet accord, désignaient il y a peu de temps encore l’Iran parmi les pays où les droits de l’homme sont les plus violés.

Un autre rapport annuel du Département d’État sur le terrorisme dans le monde, publié le mois dernier, signalait que le soutien de l’Iran au terrorisme n’avait pas faibli l’an dernier bien au contraire.

«Les États-Unis demeurent très, très inquiets par le soutien de l’État iranien au terrorisme qui est resté inchangé», expliquait Tina Kaidanow, la responsable au Département d’État pour la lutte contre le terrorisme.

Mais pour Washington, qui voulait un accord «à tout prix» quitte à devoir mettre le veto présidentiel à un éventuel rejet de l’accord par le Congrès américain d’ici 60 jours, les activités terroristes de l’Iran devaient être séparées des négociations sur le programme nucléaire alors que tout est lié.

«L’Iran va à présent la jouer prudent en respectant la lettre si pas l’esprit de l’accord de Vienne en attendant que les restrictions sur le programme nucléaire expirent dans dix ans», commente Amos Yadlin, Directeur de l’Institut d’Études de Sécurité Nationale (INSS) à l’Université de Tel Aviv, un ancien chef des services de renseignements de l’armée israélienne.

L’accord est un mauvais calcul qui ne bénéficie(ra) qu’à l’Iran.

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